Le Droit
Week-end, vendredi 11 février 2005, p. 44

Saveur

Chocolats piquants, herbacés, floraux, salés, poivrés ou épicés

Jury, Pierre

Un psy à deux sous a dit, un jour, que les hommes venaient de Mars et les femmes de Vénus. C'était pour dire combien les deux sexes étaient différents... et il ne parlait pas que d'évidente physiologie. Il en a fait un bouquin à succès qui m'a appris, je l'avoue, pas mal de chose sur la psychologie féminine.

Comme l'amour du chocolat.

Ne généralisons quand même pas trop : il n'y a pas que les femmes qui craquent devant du chocolat, il y a des millions d'hommes aussi. Mais sauf pour Guy Deschambeault, un fana dont je vous ai parlé, il y a quelques années, les autres sont tous assez loin de moi. Tandis que j'entends constamment parler des femmes et de l'effet psychologique majeur que le chocolat - le bon surtout - leur procure.

Cela dit, nous arrivons à la Saint-Valentin. Avec Pâques et Noël, c'est le troisième moment fort de l'année des chocolatiers.

Pâques a l'avantage de coïncider avec le printemps et le renouveau de la nature, et le rush de Noël dure plusieurs semaines grâce aux cadeaux corporatifs et tout ce qui s'en suit, explique Nathalie Borne, notre Miss Chocolat et la seule chocolatière de l'Outaouais. (Il y en a un à Ottawa, Heinrich Stubbe, de Stubbe Chocolates, sur la rue Dalhousie. Et l'an prochain, nous pourrons peut-être compter sur notre propre Économusée du chocolat, qui devrait établir domicile dans l'ancienne gare de Masson-Angers.)

Nulle hérésie

Mais la Saint-Valentin demeure un moment spécial.

Et cette année, je vous invite à sortir un peu des sentiers battus en osant goûter des chocolats aromatisés, incorporant des saveurs qui, à notre époque de sucre omniprésent, surprendront, choqueront même.

Mais rassurez-vous. S'ils sont bien faits, comme ceux de Miss Chocolat, ils choqueront davantage votre mental que vos papilles. N'oublions pas que le chocolat n'a pas toujours été sucré. Les Sud-américains, premiers producteurs de xocoatl, le consommaient amer, comme il est dans son état naturel. Alors l'idée de composer le chocolat avec des saveurs piquantes, florales, aromatiques, épicées, herbacées, ce n'est pas si nouveau, ni si hérétique qu'on ne le croit.

Prenez la "Douceur aztèque", par exemple.

Aromatisé au piment fort, au gingembre et à la cardamome... voilà un chocolat avec une pointe de piquant !

Mme Borne se rappelle l'avoir conçu il y a quelques années, en marge d'une exposition sur la civilisation Maya.

"Il fallait trouver le bon dosage. Il a fallu beaucoup d'essais et j'ai sollicité beaucoup d'opinions." Outre son nouveau magasin aménagé sur la Promenade du Portage, le Rendez-vous des saveurs, en septembre, est l'un des endroits de choix pour tester de nouveaux chocolats.

Depuis, elle travaille constamment sur de nouveaux mariages de saveurs.

"Parfois ça va vite, deux ou trois essais et c'est trouvé. Parfois il faut le faire 10 fois avant d'arriver à la bonne formule"... qui demeure secrète, vous comprendrez pourquoi.

Pour la Douceur aztèque, elle se limite à dire que c'est la crème qu'elle aromatise à partir d'infusions, par exemple, avant de l'incorporer au chocolat amer.

"Et c'est tout à fait correct de ne pas aimer. C'est une question de goût. Mais parfois, les gens se surprennent à apprécier un chocolat aromatisé.".

Depuis, elle a perfectionné celui à la feuille d'algue, pour une amie amateure de sushis. En 2002, un au fromage Riopelle pour célébrer l'exposition en l'honneur du peintre à la Galerie Montcalm. En 2004, un au thé de jasmin, un autre au chèvre Micha, de la Fromagerie Floralpe, à Papineauville.

Ceci, en plus des chocolats et petits fruits saisonniers (bleuets, fraises, framboises, amélanchier, mûres, etc.) Éventuellement, il y en aura à la rose ou au poivre. "Il n'y a pas de limites à ce que l'on peut essayer."

Et comme les chefs, Miss Chocolat rivalise d'imagination avec ses collègues chocolatiers. Pour éviter d'imiter les autres, elle s'empêche même de trop lire ou voir ce qu'ils font. On aurait pourtant cru le contraire !

"Enfin, je rappelle toujours aux gens qu'un bon chocolat ne fait pas engraisser. Un chocolat de qualité, ça se mange avec modération, à petites doses. Cela n'a rien à voir avec les chocolats industriels, additionnés d'huile, de sucre raffinés, sans beurre de cacao."

Comme on en mange moins, la différence de prix choque moins. Et puis, pensez à tous ses effets bénéfiques sur le psychique ! C'est moins cher que des pilules !

Sur la fourchette

Mardi le 22 février, la Coopérative de solidarité du Dépanneur Sylvestre présente l'événement Les bouchées doubles, une soirée-bénéfice alliant gastronomie et musique au Hilton du lac Leamy. Les profits iront entre autres pour aider les victimes du tsunami en Inde et au Sri Lanka. Une armée de chefs de la région ont préparé 6000 bouchées, suivi d'un volet musical. Billets à 30 $.

Infos auprès de Marc Van Den Borre au (819) 985-0334...

Miss Chocolat,
173, prom. du Portage,
Gatineau, Qc.
(819) 775-3499.

Pour me joindre : (613) 562-0333, poste 763

pjury@ledroit.com


Illustration(s) :

Lafleur, Michel
Nathalie Borne, notre Miss Chocolat, est la seule chocolatière de l'Outaouais. Elle travaille constamment sur de nouveaux mariages de saveurs.


Catégorie : Autres
Sujet(s) uniforme(s) : Cuisine et restaurants; Alimentation
Taille : Moyen, 616 mots

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Doc. : news·20050211·LT·0077





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